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Les Femmes de pouvoir au temps de Corneille

Cycle de lectures et conférences-débats

Sous la direction d’Aurore Evain

avec la Compagnie TAl et le soutien de la SIEFAR (Société Internationale pour l’Etude des Femmes de l’Ancien Régime)

À Paris, Festival Les Nuits de l’Hôtel Gouthière, juil. 2006, et à Luçon, association « Sur les pas de Richelieu », nov. 2006.

Au temps de Corneille, toute une littérature de recueils, biographies et compilations, consacrée aux femmes dites « illustres », « fortes », ou « héroïques » a vu le jour.

Elle coïncide avec l’influence grandissante des femmes dans la vie politique et littéraire de l’époque. C’est sous les auspices de ces grandes dames – salonnières, animatrices culturelles, mais aussi écrivaines ou mécènes – que Corneille fait ses débuts.

Il donne les premières lectures de ses pièces à l’Hôtel de Mme de Rambouillet et reçoit, lors de la querelle du Cid, le soutien de la duchesse d’Aiguillon, nièce de Richelieu. Il devient surtout l’auteur attitré du mouvement Précieux.

Ses admiratrices sont les premières spectatrices du théâtre professionnel en France, qui accueille également dans la première moitié du XVIIe siècle, ses premières comédiennes. Parmi les lectrices et protectrices de Corneille, notons également la présence de ces Amazones frondeuses qui jouent un rôle politique majeur dans les années 1650.

Rien d’étonnant donc dans le fait que Corneille ait placé au cœur de son théâtre les figures de ces femmes de pouvoir, passées et présentes, qui ont nourri ou soutenu sa création littéraire depuis ses débuts de jeune poète jusqu’à sa mort.

Le cycle de lectures « Les femmes de pouvoir dans le théâtre de Corneille » s’est proposé d’illustrer  cet aspect de la création littéraire cornélienne en faisant découvrir des pièces peu connues et injustement oubliées.

En mettant en scène des régentes et impératrices hantées par la raison d’état ou l’ambition politique, Corneille s’adressait également aux reines et princesses de son temps, ainsi qu’à toutes ses lectrices, mécènes et spectatrices qui se confrontaient à ces modèles ou contre-modèles de gloire féminine.

Deux conférences-débats sont venues éclairer ce rapport entre la place des femmes de pouvoir dans l’œuvre de Corneille et leur rôle effectif dans la société du XVIIè siècle.

Programme des lectures 

Rodogune, tragédie (1644) : Corneille offre ici, à travers le personnage de Cléopâtre, une figure féminine de la vengeance et du pouvoir absolu aux dimensions quasi mythiques, dans une pièce où résonnent, pour certains, des échos shakespeariens.

Pulchérie, comédie héroïque (1672) :  Corneille fait de Pulchérie une « reine vierge », qui préfère sacrifier son amour  pour Léon à la politique, moins par ambition que pour l’intérêt de l’Empire. Impératrice responsable et « citoyenne », soucieuse de sa gloire et de son honneur devant la postérité, elle s’incline devant la préservation de l’ordre politique, qu’elle place au-dessus de son bonheur personnel.

Don Sanche d’Aragon, comédie héroïque (1650) : Dans cette pièce, écrite en pleine Fronde, trois femmes appelées aux plus hautes fonctions tiennent entre leurs mains le destin de deux royaumes. Contraintes par le peuple de choisir un roi pour gouverner l’État, elles tentent alors de concilier leurs aspirations au pouvoir, leurs sentiments de femmes et le poids de la tradition patriarcale, afin de conduire le pays vers la paix et la prospérité. Dilemme de deux femmes de pouvoir, que nous retrouverons encore dans Pulchérie, vingt-deux ans plus tard.

Théodore, vierge et martyre, tragérie chrétienne (1646) : La figure de Théodore, princesse d’Antioche et vierge martyre, fidèle jusqu’à la mort à ses choix spirituels, illustre le caractère politiquement subversif de ces premières chrétiennes qui, en choisissant d’épouser le Christ, refusaient le jeu patriarcal des alliances et des mariages sur lequel reposait l’ordre social. Dans cette pièce fortement décriée à l’époque de sa création en raison de l’épisode de la prostitution de la sainte, Corneille met également en scène un autre puissant duel féminin : celui qui oppose Théodore à Marcelle, femme de pouvoir prête aux plus cruelles actions pour élever sa fille au rang d’impératrice.

Programme des Conférences-débats

Deux tables rondes ont été animées par des spécialistes de l’histoire des femmes et du théâtre.

Mercredi 26 juillet : « Les femmes de pouvoir dans le théâtre de Corneille »

Samedi 29 juillet : « Les femmes de pouvoir contemporaines de Corneille »

Avec 

Derval Conroy (Trinity College (Dublin), à propos des héroïnes de pouvoir dans le théâtre de Corneille, et sur les liens avec les grandes figures féminines régnantes de l’époque.

Aurore Evain (Paris III), sur le rôle des femmes au temps de Corneille en tant qu’actrices, autrice, lectrices, spectatrices et mécènes de théâtre.

Sandrine Lely (Paris IV), sur la représentation des femmes de pouvoir dans la peinture au temps de Corneille en s’appuyant sur la présentation iconographique réalisée à son initiative.

Eliane Viennot (Université de Saint-Étienne), à propos de ses recherches sur la place des femmes de pouvoir dans la société du XVIIe siècle, à l’occasion de la sortie prochaine de son ouvrage La France, les femmes et le pouvoir. 1. La fabrication de la «loi salique».

Presse

Ouest-France, 16 novembre 2006.

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