Cet article revient sur les enjeux de l’anthologie Théâtre de femmes de l’Ancien Régime, en 5 volumes, d’abord parue aux Publications de l’Université de Saint-Etienne, puis actuellement en réédition chez Classiques Garnier.
«Pour la première fois en France, une anthologie réunit une cinquantaine de pièces écrites par des femmes dramaturges entre le XVIe et le début du XIXe siècle… Retour sur les enjeux de cette aventure éditoriale… Et place aux premières Amazones du théâtre, décidées à braver l’interdit traditionnel d’un genre dit « mâle », pour accéder à la parole publique, et à l’espace social, artistique et politique que constituait le théâtre de l’Ancien Régime.»
Cet article fait suite à une communication donnée à l’occasion des 4e Rencontres de la SIEFAR (Société Internationale pour l’Etude des Femmes de l’Ancien Régime) consacrées aux « Projets collectifs et réseaux de recherche sur les femmes de l’Ancien Régime » (8 juin 2007), American University of Paris. Il a d’abord été publié en édition numérique par la SIEFAR sous le titre : «Editer le théâtre de femmes de l’Ancien Régime» (2009), puis mis en ligne dans sa version actualisée dans la rubrique Culture du site d’information en ligne d’Agoravox (2012).
Si certaines autrices ont revendiqué leur légitimité à écrire pour le théâtre, d’autres au contraire ont préféré l’ombre à la lumière. Mais toutes ont décidé de braver l’interdit traditionnel d’un genre dit « mâle » pour accéder à la parole publique et pour mettre en scène, dans l’espace social et politique que constituait le théâtre de l’Ancien Régime, les rapports de sexe tels qu’elles les voyaient, tels qu’elles les condamnaient, tels qu’elles les espéraient. Et c’est aussi là que réside l’enjeu proprement théâtral de cette anthologie : montrer que le théâtre est un lieu privilégié pour penser et mettre en scène les rapports de sexe, et qu’à ce titre les voix des autrices y ont toute leur place et leur intérêt.
Enfin, si la part des autrices représente seulement 4% de l’ensemble des auteurs dramatiques de l’Ancien Régime, il est vrai que cette anthologie peut relever, au regard de certains, d’une grande excentricité… Mais c’est au nom de cette « ex-centricité » que s’est construit le projet éditorial. Parce que ces autrices de théâtre et leurs œuvres sont restées dans le hors-champs littéraire, elles témoignent, pour nous lecteurs et spectateurs d’aujourd’hui, d’une expérience du hors norme, de la périphérie, qui est également au centre de nos préoccupations modernes.
Souhaitons, grâce à la mosaïque de pièces qui charpente cette anthologie, que prenne corps une figure longtemps niée et occultée, celle de l’autrice de théâtre…