Martine de Rougemont, éminente historienne du théâtre du XVIIIe siècle, qui a dirigé l’Institut d’Etudes Théâtrales de la Sorbonne Nouvelle pendant de nombreuses années, nous a quitté ce vendredi 21 août.
Sous son enseignement, l’histoire du théâtre était une fenêtre sur le monde, d’une richesse infinie, permettant, à travers toute la variété de ses dimensions (littéraires, sociologiques, économiques, architecturales…), d’en saisir l’essence et d’appréhender les mutations de nos sociétés, à travers les siècles et les pays.
Elle porta une attention particulière à la place des femmes dans la littérature et la création théâtrale, et fut l’une des premières chercheuses en France à s’intéresser au théâtre de Germaine de Staël.
La lecture de son essai – coécrit avec Natacha Michel – Le Rameau subtil. Prosatrices françaises entre 1364 et 1954 me donna l’opportunité de découvrir ces premières plumes féminines de l’Ancien Régime, dont j’ignorais alors l’existence : Christine de Pizan, Marguerite de Navarre, Hélisenne de Crenne, Marie de Gournay, Mme Riccoboni, et tant d’autres créatrices issues d’un arbre généalogique aux racines enfouies, qui découvrait enfin l’immensité de ses branches et ses multiples bourgeons.
Martine de Rougemeont dirigea les premiers travaux en France consacrés à la redécouverte des pionnières de la scène théâtrale. Ce fut sous sa direction que Nadeige Bonnifet, en 1988, établit le premier répertoire des femmes dramaturges de l’Ancien Régime.
Elle m’avait légué sa passion de l’histoire du théâtre et de l’Ancien Régime. Elle accompagna, avec bienveillance et intérêt, ma recherche des autrices perdues et des premières actrices du théâtre européen.
Martine de Rougemont a rejoint notre matrimoine. Pour que ses travaux érudits et pionniers dans de nombreux domaines restent dans notre mémoire, une notice Wikipedia vient d’être créée : je vous invite à la découvrir et à l’enrichir en souvenir de sa belle œuvre.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Martine_de_Rougemont