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En soutien à Confluences et aux lieux de création indépendante

frida-vogue-1937-testTu n’as pas idée du genre de salauds que sont ces gens. Ils me donnent envie de vomir. Je ne peux plus supporter ces maudits « intellectuels » de mes deux. C’est vraiment au-dessus de mes forces. Je préférerais m’asseoir par terre pour vendre des tortillas au marché de Toluca plutôt que de devoir m’associer à ces putains d’« artistes » parisiens. Ils passent des heures à réchauffer leurs précieuses fesses aux tables des « cafés », parlent sans discontinuité de la « culture », de l’ « art », de la « révolution » et ainsi de suite, en se prenant pour les dieux du monde, en rêvant de choses plus absurdes les unes que les autres et en infectant l’atmosphère avec des théories et encore des théories qui ne deviennent jamais réalité.

Le lendemain matin, ils n’ont rien à manger à la maison vu que pas un seul d’entre eux ne travaille. Ils vivent comme des parasites, aux crochets d’un tas de vieilles peaux pleines aux as qui admirent le « génie » de ces « artistes ». De la merde, rien que de la merde, voilà ce qu’ils sont. Je ne vous ai jamais vu, ni Diego ni toi, gaspiller votre temps en commérages idiots et en discussions « intellectuelles » ; voilà pourquoi vous êtes des hommes, des vrais, et pas des « artistes » à la noix. Bordel ! Ça valait le coup de venir, rien que pour voir pourquoi l’Europe est en train de pourrir sur pied et pourquoi ces gens — ces bons à rien sont la cause de tous les Hitler et les Mussolini. […] Il y a quelque chose de tellement faux et irréel chez eux que ça me rend dingue.

Frida Kahlo, 16 février 1939

Aujourd’hui, la création dépendante va draguer les vieilles peaux pleines aux as aux portes des Ministère, des DRAC, des bureaux des délégués à la culture avec un petit cul. La création dépendante préfère les Nuits blanches aux Nuits debout. Elle aime tapiner aux premières. Elle vit à l’entre-soi.

La p’tite création indépendante, elle reste debout, même pour mendier de quoi rester debout. Elle survit à l’entresol, où règne un joyeux bordel.

La création dépendante est monochromée. Tendance Blanche de souche. La création dépendante aime bien les bijoux de famille estampillés « Père & Fils ». C’est son patrimoine. Elle le vénère et lui rend de vibrants hommages. Tous les ans, elle distribue des Couilles en or à l’effigie de son dieu tutélaire, lors d’une grande cérémonie annuelle.

La p’tite création indépendante, elle organise le Marathon des autrices, fouille dans son histoire et fait émerger le matrimoine. Elle est bariolée. Elle invente des mots, comme intermatrimoine. Elle n’a ni dieu ni maître, ni déesse ni maîtresse. Elle est sans toit ni loi. Elle est Refuge. Dissidence. Elle est Parole errante. Elle est un Aquarium sans bocal. Un vivier de poissons ivres de poésies et de libertés, frétillant à contre-courant. Elle est Confluences.

Aurore Evain.

Texte lu et performé avec Cyrielle Caron le 9 juillet 2016 pour la journée de soutien à Confluences.

Pour soutenir Confluences

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